Nous écoutons les conseils de Juliette, qui a passé un an à Rome à jouer les guides touristiques pour Rencontres Romaines, et visitons le couvent et l’église de la Trinité des Monts, fondés au XVe siècle par le roi Charles VIII, et qui sont depuis toujours propriétés françaises. Aujourd’hui ce sont les fraternités monastiques de Jérusalem qui font vivre le monastère dans une des plus belles églises de Rome. Sœur Samuelle, trentenaire dynamique et pleine de joie de vivre, nous fait visiter les lieux.
Le cloître, avec les portraits des rois de France:
Le couvent était occupé depuis sa création en 1495 jusqu’à la révolution française par l’ordre des Minimes, un ordre religieux français à vocation scientifique. Les 9 000 écrits de la bibliothèque ne résistèrent pas aux pillages qui suivirent la révolution, mais deux témoignages de la présence des Minimes sont toujours présents sur les murs du couvent. Le premier est une anamorphose, une fresque peinte qui propose deux images différentes selon le point de vue depuis lequel on la regarde. Démonstration:
Depuis l’entrée du couloir, une représentation de Saint-François de Paule, le fondateur de l’ordre, en train de prier au pied d’un arbre, un chapelet à la main:
Puis face à la fresque, l’image devient un paysage de collines, un pli du vêtement est devenu la rive d’un lac où Saint-François de Paule marche sur l’eau (c’est bizarre, dans mes souvenirs c’était quelqu’un d’autre qui marchait sur l’eau…), la croix est devenue l’embarcadère du lac:
Et enfin de l’autre côté du couloir, on retrouve plus ou moins Saint-François de Paule en train de prier.
Deuxième héritage laissé par les Minimes, l’astrolabe, qui donnait l’heure de manière très précise. La fenêtre du couloir est fermée par un volet de bois percé d’une petite ouverture, par lequel le soleil passe. La lumière passant par cette ouverture vient se refléter sur une coupelle d’eau et une tâche de lumière vient ainsi se former sur le mur. En suivant les nombreuses lignes, vous obtenez l’heure avec une précision remarquable. La classe non?
Le frère Andrea Pozzo, ayant plus la fibre artistique que scientifique, a peint le réfectoire selon la technique du trompe l’œil, sur le thème des noces de Cana:
Depuis le parvis de la Trinité-des-Monts, on a une belle vue sur les toits de Rome, avec en prime la coupole de Saint-Pierre. La place d’Espagne, au pied de la Trinité-des-Monts, accueille comme à son habitude la foule de touristes, avec le brouhaha et les vendeurs de babioles qui vont avec:
Les jardins de la colline du Pincio offrent une ombre salvatrice:
Et c’est après une longue sieste que nous poursuivons notre tour des églises de Rome par la basilique Saint-Jean-de-Latran, la cathédrale de Rome.
L’intérieur de la cathédrale est baroque. Le sol est du 15e siècle, le plafond en bois sculpté et doré du 16e. L’autel papal est surmonté d’un baldaquin contenant des reliques de Saint Paul et de Saint Pierre. On admirera la légèreté de la décoration du 16e siècle…
Et on se penchera surtout sur la belle mosaïque du 4ème siècle (largement remise à neuf au 13e siècle, quand même, c’est que la colle ça vieillit mal, tous les 900 ans faut recoller). Attention, après la débauche de dorures, voici la débauche de symboles: le visage du Christ (symbole n°1) est placé au dessus d’une croix (symbole n°2) sur laquelle coulent les eaux du baptême (symbole n°3). Ce flot se divise en 4 fleuves symbolisant les évangiles (symbole n°4) irriguant la Terre (symbole n°5). Marie et Saint Jean (symboles n°7 et 8) sont de part et d’autre de la croix. Par contre, la présence de cerfs au pied de la croix est restée un mystère pour nous…
Nous terminons la journée par la basilique Saint-Paul-hors-les-murs, construite à l’emplacement de la tombe de Saint-Paul. Même si la façade parait bien inoffensive, l’intérieur de la basilique est impressionnant: 131 mètres de long, 65 de large, 29 de haut, ce qui nous donne un volume de… 246 935 m³ de béton. Euh non, pardon, déformation professionnelle, incorrigibles ces matheux… Une longue frise de mosaïques représentant tous les papes depuis Saint Pierre fait le tour de la basilique, avec un projecteur éclairant celle du Grand Chef actuel. Débauche de dorures, 2e version:

